Résidence performative
Préparation et réalisation d’une performance déambulatoire collective en milieu urbain intégrant les modules de traitement sonore portatifs.
















28 juin au 1er juillet 2019
Préparation et réalisation d’une performance déambulatoire collective en milieu urbain intégrant les modules de traitement sonore portatifs.
28 juin au 1er juillet 2019
Conception et développement du « bidule » sonore!
L’instrument sonore, qui permet aux utilisateurs d’enregistrer, jouer et interagir avec des sons en temps réel, a été développée avec Mobmuplat et Pure Data. L’application a est installée sur des téléphones mobiles reconditionnés par Insertech, un organisme partenaire qui favorise l’insertion sociale et l’économie circulaire.
Des ateliers de fabrication ont aussi permis de souder les composants nécessaires à la connexion du microphone et du haut‑parleur au téléphone, ainsi que de tester et améliorer l’ergonomie du support sur lequel tout est monté, assurant une utilisation confortable du « bidule ».
Réalisation de compositions sonores expérimentales à l’aide d’outils à basse technologie (low-tech) – notamment en utilisant des modules d’amplification sonore portatifs – pour former une chorale d’inspiration fluxus-situationniste. Ces expérimentations collectives développent l’univers artistique d’un déambulatoire urbain prenant place dans les lieux publics ou les espaces de contestation citoyenne.
Résidence de création et d’exploration sonore
26 et 27 novembre 2017
Vidéo de notre plus récente diffusion «Pour signaler une disparition» lors de la Nuit blanche 2015 à Art souterrain. Merci à Ky Vy Le Duc pour la réalisation la vidéo et à Thomas Christopherson pour la captation d’image. Il n’est jamais trop tard pour signaler une disparition… 514-360-2202… Mouhahaha!
Du 28 février 2015 au 15 mars 2015. Art Souterrain, Montréal
Art Souterrain, festival unique en Amérique du Nord, contribue a rendre accessible l’art de pointe à un large public en sortant les œuvres des lieux d’exposition traditionnels. Cette année, Pourquoi jamais a fait partie des exposants des couloirs souterrains du centre ville de Montréal.
Et devinez quoi? L’œuvre interactive « Pour signaler une disparition » (la cabine, pour les intimes) a pris une nouvelle forme afin d‘accueillir dans son antre encore plus de curieux…
Nous reconnaissons l’appui du Réseau international Hexagram, un organisme dédié à la recherche-création en arts médiatiques, design, technologie et culture numérique.
Je me promène dans le quartier Wemtenga, autrefois village Mossi, situé au nord-est de Ouagadougou. Je suis avec le petit Sébastien. Arrivés devant une grande cours qu’il pointe du doigt, il me lance :
– Ici, c’est le Naba.
– Le Quoi ?
– Le Naba, c’est le chef du quartier.
Ce que j’apprécie avec les enfants c’est qu’on apprend très vite les choses essentielles.
– Il prépare quoi ?
– Demain il fête son 12è anniversaire.
C’est un rendez-vous.
Lendemain matin. Je suis accompagné des mes amis, I.B et Ousmane.
A peine arrivés devant la cour, un coup de mortier retentit à deux mètres de moi. Mes tympans explosent, mes oreilles sifflent et je mets 10 bonnes secondes à recouvrer la vue. J’en ai perdu mon chapeau. Des filles ricanent allègrement. I.B, lui, a pris la fuite…
Dans la cour on peut entendre des chants, on nous invite à boire un coup. Il fait une chaleur écrasante, j’enfile les Fantas. La bière, qu’Ousmane semble apprécier, me paraît à cette heure là, tenir du suicide. On aperçoit des danseurs en habits traditionnels Mossis.
Leur danse est très rythmée, ils portent des casques sur lesquels je reconnais des Ojos de Dio que l’on retrouve aussi dans la culture latino-américaine.
Le plus grand d’entre eux, « un Peul » me dit Ousmane en déduisant son origine d’après son fasciés, ouvre grand ses yeux, me fixe et s’approche de moi. La musique s’intensifie, je suis pétrifié. Je rigole mais en vérité je suis mort de peur. Il ne me lâche pas des yeux, écarquillés, et me rappellent le regard des gens sous amphétamine. J’ai envie de danser à mon tour, pour lui répondre, mais je doute que ce soit approprié.
On me souffle dans l’oreille :
– Il faut que tu le travailles!
Le fameux farotage. Dans cette fête je suis le seul blanc, et ma couleur de peau lui laisse penser que j’en ai plein les poches.
– Mais… j’ai rien sur moi!
M’en allant chez le Naba Ligdi, littéralement « le naba qui a de l’argent», il ne m’avait pas semblé judicieux d’en prendre sur moi.
La rythmique est a priori aléatoire mais petit à petit je découvre une polyrythmie que j’affectionne depuis des années : le « deux pour trois ». Un danseur joue des croches avec des pièces de métal tenues entre ses mains (son de cloche), tandis que les deux autres danseurs l’accompagnent en jouant des triolets de croches, sur des tambours coincés sous ses bras (des lungas si je ne me trompe pas).
On a ici la rencontre des rythmes binaire et ternaire. Je suis sidéré de découvrir un aspect musical aussi complexe chez…
– Prise de conscience : Chez qui? Chez quoi? Mh… et puis pourquoi pas?
Je me remémore une anecdote de mon ami guitariste Josué. Un jour qu’il pratiquait une de ses compositions, une « blanche » s’arrêta et marqua un silence (deux temps). Quand il eut terminé ses arpèges, elle lui lança « Dis-donc tu joues comme un blanc ! ». À son tour de s’énerver : « Vous les blancs, vous volez notre musique, et après vous dites qu’on joue comme vous »
Je m’approche d’une grande dalle blanche sur laquelle des enfants dansent et rient. Je m’assois près d’eux, ils jouent avec mes cheveux. Après un moment je me lève et les rejoins en essayant de danser comme eux. Eclats de rire. J’aperçois une pierre avec des inscriptions. Il y a un nom, suivi de deux dates…
– Mais… On danse sur une tombe!
On a le droit?
Les enfants ne comprennent pas ma question. Rires encore.
C’est dingue.
Moi aussi quand je serai mort je veux qu’on me transforme en piste de danse, que les arrières-petits enfants de mes petits enfants viennent célébrer en mon endroit.
Il s’agit de la tombe de l’ancêtre de la famille où est enterré l’ancien Naba.
Je descends, m’apprête à quitter les lieux quand le chant d’un vieillard retient mon attention. Je m’assois près de lui, imité par les enfants qui jusque là ne se souciaient pas de lui.
CLIQUEZ POUR ÉCOUTER LE CHANT
Le vieux est assis sur une natte, au pied d’un arbuste. Il est aveugle. Il cogne sur une tige en
métal de manière saccadée à l’aide de bagues enfilées aux doigts. Il chante en moré.
Dans l’assemblée juvénile, je me trouve un interprète.
– Il dit quoi?
– Euh… (se concentre) il cite le nom des ancêtres du Naba.
– Ah, c’est une sorte de généalogie?
(regard muet) L’enfant dit oui pour rester poli.
– Et il fait ça depuis quand?
– 150 ans.
L’enfant s’adresse au vieux. Celui-ci tend une main au hasard, je lui donne la mienne. Il pose des questions, l’enfant traduit, nous faisons les présentations.
Je lui dis que j’aime beaucoup son chant. Il m’invite à le filmer. Par chance, j’ai apporté mon micro, et un crayon.
Epilogue :
Avant de quitter je « croque » le visage du danseur. Ils sont assis, se reposent d’avoir danser une journée sans s’arrêter. Encre de chine, à la Pratt, silhouette noire et fond aquarelle.
J’appelle mon « interprète »
– Dis-lui qu’il m’a transmis son art, et qu’en échange je lui transmets le mien »
Je lui tends le dessin, en posant un genou pour m’incliner. Il semble ravi et balbutie un « Merci beaucoup » dans ma langue. Je lui réponds en moré : Barka ! Un hôte s’interpose rapidement entre nous, apparemment contrarié. De toute la journée, personne n’avait adressé la parole aux danseurs. Sans doute ai-je franchi un tabou.
De toute façon, je n’ai jamais été très bon avec les traditions.