Écriture

Chicago

( Lundi 6 avril 2015 avant l’aube)

Dans le miroir du 40 oz de Gin, les couleurs de la ville s’émoustillent. J’ai soif d’« American dream ». C’est la liberté que je cherche au corps de la mégapole. L’ombre de Batman survole la ville. Les mirages des ombres m’ensorcellent. Je traverse la ville en caravane.

Elle roule de nuit, elle roule de jour. Dans les soleils comme dans les pleines lunes. Nous écoutons la musique des gens de la ville forteresse. Le long des autoroutes, des espoirs et des folies. La vie est cette route. Que m’offre la section fraction d’un espace-temps, la clarté passagère dans les corridors des astres lumineux?

Et si belle est la danse dans les musiques électromagnétiques de ce début de millénaire aux cent périples. Un pas de danse avec moi, quelle sensation effroyablement agréable. Convoitise et envie transpercent mon cerveau. Manifestement, dans mon sang coule plus de tonic que de globules rouges. Dans les herbes s’étale le penseur des vignobles écarlates.

Photographier en touriste pour projeter une image mondiale sur les toiles interconnectées. Traverser les quartiers d’un pas observateur d’espion en mission de sauvegarde. Ou bien jouer les airs du parfait caméléon qui sait s’adapter au monde qui l’entoure.

Mille visages pour secourir des désastres et des peines capitales. Pécher par excès de luxure. Affamer les cœurs dans les virages, mirages peu sages de complexes idées. Et je compris que le rêve s’effritait, que les ombres le grignotaient irrémédiablement. Pas à pas, elles s’approchaient. Il nous restait notre âme à défendre.

La caravane devait repartir à l’aube, on l’attendait plus haut au nord pour que l’on s’informe de ce qui arrive au sud. Au matin clair, j’aurais adoré pouvoir mettre le générique ici maintenant, mais la saga se poursuivra quelque temps. Assez longtemps, je l’espère.


(Pour Mireille aka Mimi, Francis aka Franck, Jérôme aka J, Claudia aka Clo, Isabelle aka Isa, Daryl aka Trotsky, Sebastien aka Le Tombeur, Gabriel aka Big G, Audrey aka Elle)

Le Train (Labyrinthe Chapitre IX)

Tu regardes les paysages. Tu regardes les passages à niveau. Tu te perds dans les épinettes enneigées. Les flottements de la zone lente et poussiéreuse que tu traverses s’éternisent. Tu comptes les espaces secondes qui s’écoulent. Tu te demandes comment ce train peut faire pour ne jamais arriver en gare. Il roule avec toi à son bord. Il n’y a pas plus d’autres passagers. Il n’y a plus personne qui assure le service de bar. Aucune hôtesse à l’horizon. Il n’y a plus de sécurité entre les wagons. Tu ne sais plus quand tu as pris ce train. Tu marches vers l’avant, tu traverses un long wagon restaurant. Sur les murs, tu vois la tête d’un chef. Tu le connais. Tu l’as vu la dernière fois dans son grand restaurant sur Magnificient Mile à Chicago. Tu aurais bien mangé quelques morceaux, mais les assiettes sont vides. Ton festin serait-il terminé ? Puis, tu croises le contrôleur. Tu te demandes alors si tu as bien acheté un billet. Tu ne t’en souviens plus. Tu fouilles dans la poche droite de ton long manteau de laine usé. Tu sors finalement un billet en forme de triangle. Une invitation pour le bal. Tu ignores ce qu’il fait là. Une odeur de fumée te monte soudainement au nez.

Le train à vapeur ralentit à l’approche d’un tunnel. La dernière épinette disparaît remplacée par un grand couloir de granite. Les pierres sont ornées de grandes fresques multicolores. Tu reconnais l’œuvre, mais tu ne t’en souviens plus clairement. Portant, tu connais l’artiste. Dans ta vie, avant, il y avait des galeries d’art, des fêtes et des anniversaires où tu ne connaissais personne. Le contrôleur marque son impatience en hochant légèrement la tête. Coincé, plutôt collé, tu aperçois enfin le billet de train. Il est chaud. Il vient de se matérialiser devant toi. Le destin imprègne d’encre noire sa fatalité. Le contrôleur te laisse finalement passer et disparaît vers un autre wagon. Tu te demandes pourquoi puisque tu es le seul passager. Le train accélère. Il s’enfonce dans le tunnel puis chaque wagon ressort lentement du gouffre. De l’autre côté s’allongent les grands bâtiments de la Capitale du Labyrinthe. Le train approche de la gare du Sud. Cette gare aux mille fresques, tu l’as arpentée bien souvent. Tu attendais un départ. Ou peut-être une arrivée. Tu ne sais plus trop. Tu découvres, surpris, une foule immense qui descend du train. Tu te souviens pourtant de l’avoir vu vide. Tu constates que tes moments d’absences transportent parfois tes souvenirs ou tes pensées beaucoup plus loin que tu ne peux l’imaginer. Cette fois, tu as bien l’intention de ne plus laisser les murs t’étouffer. Tu sais que chaque seconde compte. Et si chaque pas te rapproche de la salle de bal, tu es sûr qu’une fois dans cette salle, quand la musique s’arrêtera de nouveau, tu sauras très bien ce que tu auras à faire cette fois-ci !

(Merci à mon père pour la correction et les idées)

Égarement

Tes pensées s’échappent en illusion. Tu fixes le Bordeaux rouge classique qui repose au fond de la coupe. Il pleut, les regards sont froids, le vent glacial. Tes yeux se vident et les invités se prolongent en dialogues inaudibles.

Tu n’es déjà plus là. Les murs miroirs te renvoient l’absence. Tu la revois, mais il n’y a plus que le désert des silences qui mettront bientôt fin aux questions d’usage. Plus rien à dire. Tu n’as plus de mots ni d’idée nouvelle que l’écoulement des secondes en vase clos. Un avortement parfait, froid et chirurgical. Tu as pris le bistouri et coupé d’un seul geste toute émotion, toute supplication, toute tentative.

Dans cette pièce carnavalesque, tu es soudain celui qui a réussi la fuite parfaite. Tu regardes derrière, il n’y a plus personne qui te pourchasse et tu ne pourchasses plus personne. Les pas de danse sont futiles. Les musiques monotones. Le vin goutte l’eau. La nourriture est fade et grise.

La bande film est en noir et blanc et la pluie s’accentue. Tu sors dehors, tu regardes à gauche puis à droite. Tu n’es plus certain d’exister. Cette dimension de l’espace, sans autre regard pour te percevoir sur la pellicule, tu l’as baptisée depuis longtemps. Tu l’appelles égarement. Tu t’éloignes seul alors que les arbres, les statuts et le vieil étang masquent ta disparition.

Je cherche les papillons

Je cherche les papillons
Ils cherchent la guerre
Je pourchasse les miracles
Ils pourchassent les imprécisions
J’exécute les folies
Ils traquent des vies
J’accumule les rêveries
Ils multiplient les tueries
Je vois ailleurs
Ils n’envoient que des leurres
Ils ne sont que malheurs
Je cours les papillons
Je mange des macarons

Le vieil ennemi

Encore toi, mon vieil ennemi.
L’armée intérieure s’engouffre dans les veines sanguines.
Au pied de ma fin du monde qui m’aspire
Le général de l’armée blanche s’avance.
Les couloirs blancs inhospitaliers me rapportent à l’intérieur de moi.
Encore toi, qui s’infiltres dans mes espérances
Et me coupe le souffle dans mes élans grandioses.
Je reste là, dans la douleur, à faire pleurer les plafonds.
Nuit de cœur, nuit de sacré
Emporte mes larmes dans les musiques classiques des corridors chrétiens.
Encore toi, pour me rappeler l’espace-temps
Des écoulements de mes joies, de mes amours et de mes folies.
Goutte à goutte, les poisons s’infiltrent dans mes rêves
Me font mal de tête.
Désolation d’espérance et urgence du temps
S’entrechoquent dans mes tourments qui me portent ailleurs.
Et j’avance toujours plus vite.
Et j’avance, pulsion de vie.
Et j’avance droit devant.
Tu n’auras pas ma peau, je serai libre bien avant.
Encore toi, mon vieil ennemi.
Un jour, je t’emporterai loin de moi
Au bout du temps, au bout du monde.
Et tu ne seras plus qu’un sinistre souvenir.

La goutte de trop

La goutte d’eau descend le long du drain. Elle fait un bruit, puis une autre goutte prend le relais. Le ciel est gris. Hier, il a plu malgré le froid. Le vent frappe la tôle de la maison et les secondes s’éclipsent. Une autre goutte d’eau s’engouffre dans ce chemin sans fin. J’enfile un bas dans le mauvais pied. Le son de l’eau m’agace. Je marche jusqu’à l’évier et tourne très fort le robinet. L’eau ne s’arrête pas. Je regarde la goutte suivante suivre lentement son parcours. Dehors, l’arbre sans feuilles caresse la pluie. Il pleut si finement que bientôt l’eau se transforme en léger grésil.

Il y a des jours qui passent sans faire de vacarme. Ils s’effacent tranquillement du calendrier. Un jour de plus. Comme cette nouvelle goutte d’eau. J’ai réalisé que je n’attendais personne et que cela m’était indifférent. Je regarde le chat. Il ne réclame rien. Il dort, il doit dormir des heures. Il passe le temps. Je me demande parfois à quoi il rêve. Et zut! Une autre goutte d’eau fait son chemin. Imperturbable, la garnison des gouttes d’eau semble sans fin. Je me gratte la tête et remarque que j’ai juste un bas. J’ai oublié d’enfiler l’autre.

Combien de gouttes d’eau faudrait-il pour me noyer si le drain devait se boucher? Combien de secondes devrais-je affronter avant que l’appartement ne soit complètement submergé? Voir soudain les fondations se fendre et la maison se refermer sur mon appartement. J’imagine que cela n’aurait pas vraiment d’importance. Pourtant, il y aurait une étude à faire. Pourquoi la dernière goutte d’eau qui a tout fait s’écrouler a-t-elle commis ce crime? Raison d’État? Moment de folie? Louve solitaire? Délinquance juvénile d’une simple goutte d’eau? Au mauvais endroit au mauvais moment? Je vois d’ici un panel d’experts se poser la question sur les motifs profonds ayant poussé la goutte d’eau de trop à accomplir son méfait devant un animateur subjugué.

Je prends le bol d’eau du chat et je le remplis. Peut-être que les gouttes d’eau cherchent juste un sens à leur vie. Le chat a entendu un bol faire du bruit. Il rapplique dans la cuisine. Non! Juste de l’eau, mon ami. C’est l’austérité et il faut faire avec. Sinon, fait comme nous et trouve-toi du travail dans le domaine de la souris. Il paraît que d’autres chats on fait la passe dans ce secteur. Pas pour toi, le travail? Je sais. J’ai un chat sur le bien-être social. Un chat qui attend chaque soir son repas comme d’autres le chèque de la fin du mois.

Il est tard, il fait noir dehors. On avançait l’heure pourtant. J’ai décidé de couper l’eau. Je ne veux pas voir le plombier. J’ai acheté une bouteille d’eau. Je vais enfin pouvoir dormir. 

( Merci à mon père pour les idées)

Déroute

« Pourquoi tu gosses? Pourquoi? »

Les sentiers illuminés de ses déroutes s’engouffrent dans les mélancolies alcooliques. Elle ne pouvait que lui prouver sa déraison. Il écrivait des vers pour les desserts de ses courbes qui n’étaient que des illuminations de son cerveau. Il avait dans son sang le goût des moments qui se perdaient dans les mots le long du drap blanc. Pendant les froids que lui offre la vie, le déplaisir des astres, le conformisme et le féminisme empêcheront l’étalement de son désir. Et il pense que peut-être un soir de pleine lune, il pourrait voir l’éternité et connaître le prix des passages immortels et des voyages sans nom. Flottements célestes de son corps en transfert dans les lunes des idéaux. Affranchir son souffle pour un seul baiser volé à ses chastes lèvres. La lumière diffuse d’une seule surprise au matin des pertes de sens. Le prix… Toutes voiles dehors, c’est la montée des ténèbres dans ses os de vampire.

« Prends mon cœur, prends la vie qui ne vaut que cette parcelle de jouissance. Pourquoi tu gosses? Tu étais pourtant agréable… »

Peinture d’un temps ancien

( L’appartement, été 2008)
 
Disjoncter, mon ami le jeune clown
Dans sa cour, il y a une foule de courtisanes
Mais aucune ne semble pouvoir devenir reine
Disjoncter le clown
C’est un être complexe
Sa pensée n’est pas cristallisée
Elle virevolte au vent
Et on peut, si on est chanceux
Voir un peu plus loin
 
Et il y a ceux qui dansent
Et ceux qui rient
Il y a des éclats de lumières sombres
Qui frappent les corridors des esprits
Dans une boîte quelque part
Le  vieux disjoncteur observe la scène
Il est loin sur le front
Une ligne frontière
Il écrit sur du papier noir
Un texte à l’encre bleue
Pour son ancienne fiancée
Restée sur le quai, le temps d’un dernier baiser
 
Une scène, un plan, un horizon
Lentement, la caméra recule
Et prends de la vitesse
Il s’enfonce vers nulle part
Disjoncter le clown
Lui s’efforce encore devant les sourires
Il croit toujours au monde qui l’entoure
Sa déconnexion n’est pas terminée
 
Compte jusqu’à treize
Un, pour le temps qui passe
Deux, pour les peines d’amour
Trois, pour les corridors qui mènent vers ailleurs
Quatre, pour les bonbons roses de nos grand-mères
Cinq, pour l’amour
Six, pour l’art
Sept, pour les oubliés morts au champ d’honneur
Huit, pour les junkies qui marchent dans la nuit
Neuf, pour les vampires qui sucent le sang
Dix, pour ne plus rien comprendre
Onze, un cœur d’enfant
Douze, une amitié
Treize, court-circuit
Disjoncteur disjoncté
 
Il y a une scène de baiser
Sur le balcon quand la foule s’éloigne
Quelques bavardages
Il est tard, les étoiles se couchent
Ce soir, je traverse la nuit en voyageur
Au loin, la citadelle m’attend.

Adieu sans préavis

( Printemps 2000 )

Poète du crépuscule
Mes particules
D’amours désassemblées
Perforent les temps derniers
Et coule le vin sur ses seins
 
Je me fais marcheur des douze saints
Il est minuit moins le quart des apôtres
Devenir le prophète de sa mélancolie
Caresser les images de ses fantaisies
Déguiser mes sombres mensonges
 
Fuir devant la suite qui conduit au néant
S’engouffrer lentement
Dans la pièce au soleil levant
Je m’effrite en lambeaux
Déclassés sous le poids des vitraux
 
Devant la lourdeur des bottes
De son armée d’invasion métallique
Je raccroche mon écharpe
Ajuste mon sourire hérétique
 
C’est la fuite poétique, mathématique

La cristallisation du moment

Il y a des fractions de temps que l’on doit diviser par seconde. L’action et la vitesse défilent alors en image 24 secondes. La voiture de la Sureté du Québec termina sa course dans le stationnement. Le Chauffeur, au même moment, sortit de l’allée avec deux flacons de 40 oz dans les mains. La télévision décida, faute de chance, de projeter le portrait des trois acolytes. Et puis, la porte du dépanneur enclencha le bruit du mobile métallique. La Rêveuse leva les yeux et sortit de la lune devant le Chauffeur qui se dirigeait vers elle. Comme il est beau, se dit-elle. Le policier matricule 14235 entra à son tour et ses yeux allèrent rapidement de la télévision vers la rêveuse et puis lentement, son cerveau compris qu’il avait devant lui l’un des responsables de la prise d’otage à la Banque Centrale Impériale.

La guerre, l’affrontement qui porte l’homme à la victoire ou à la défaite, est un mélange de tactique et de chance. Cette fois, le hasard laissa tomber la bille de métal froide sur la grande roue du destin. C’était le 13 noir. Le numéro chanceux. La Rêveuse abattit le policier d’un seul coup du vieux pompeux de son grand-père. Le Chauffeur ne comprit la situation que lorsque les fragments de balle traversèrent le policier. Le Chauffeur regarda la Rêveuse et un coup de foudre le frappa de plein fouet.

L’Anarchiste, suivi de sa Rebelle, entra à lui aussi dans le dépanneur. Il comprit que la situation n’était peut-être pas sous contrôle. Calmement, il braqua son arme sur la Rêveuse. Le Chauffeur regarda son ami et dit : « Tu ne vois pas que je suis amoureux? Elle vient avec nous. Elle vient de nous sauver la vie. » « Toi, amoureux! », dit la Rebelle. Le Chauffeur la regarda avec mépris. Elle n’avait pas plus que lui une conception romantique de la chose.

Les quatre comparses vidèrent le rayon d’alcool et le coffre du dépanneur. La Mustang avait faim de rouler. L’asphalte noir brûlant offrait une route vers l’enfer digne de ce nom.  La voiture de police explosa au loin. La radio jouait « Paint in Black » des Rolling Stones. La Rêveuse mit sa main sur la main du Chauffeur alors qu’il passait en cinquième vitesse.

Le réveil froid

( Mars 2000)

Chaque nuit absence
Le temps s’allonge
Pour s’étendre
Dans les étoiles
 
Et le soleil des nuits
Ne brille plus dans mon lit
Qui se refroidit
Dans l’hivers triste qui s’emplit
 
J’évoque son nom souvenir
Pour franchir l’aube des soupirs
Et je revois son sourire caché
Revenir me hanter

Destins croisés

(* Réflexion de Saint-Valentin à 32 degrés sous zéro *)

 Le métro roulait dans la nuit. La rame était déserte et sans vie. Je me souvenais de son regard qui disparut quand les portes du train se refermèrent sur elle. Elle avait encore trop bu; j’aurais voulu l’embrasser, mais mon amour pour elle s’était alors tu devant son refus. Quelque part, maintenant dans les mirages des illusions de décors qui défilent dans la grisaille des couloirs souterrains de la station Sauvé, j’inventais des mondes.

Quand je l’ai revue, elle s’était déjà amourachée d’un autre. Je me pris dans mes rêveries à penser les possibles. Était-ce mon propre manque de volonté ou mon attention détournée qui faisait en sorte qu’elle n’était que souvenir amer? Était-ce ma faute? Ou bien je n’y pouvais rien, car mon axe de vie se dirigeait inlassablement ailleurs? N’est-ce pas simplement une projection de la propagande du cinéma hollywoodien? Existe-t-il un monde où je sacrifie tout pour la rejoindre? Un monde dans lequel j’achète un billet aller simple. Un monde ou Franck Sinatra chante durant le générique de mes souvenirs.

Ce soir, il n’y a pourtant que le vent et la matrice ne m’offre rien que le glacial hiver québécois.      Il fait froid, l’alcool, les vapeurs de cannabismes affectent mes sens. Depuis les derniers bombardements de mon cœur par son aviation, j’ai demandé au général de l’armée de terre d’assurer la protection du bunker. Elle vit quelque part sans moi. Pense-t-elle à moi? Pense-t-elle à lui? La solitude, la vraie, serait-elle de t’aimer dans le vide, dans le néant, d’être seul sans miroir et sans retour?

Je me demande, si dans une autre dimension, mes amis seraient mes amis. Si je n’avais pas cette fois-là ou à cette autre occasion dirigé mes pas dans cette direction, que serait-il arrivé? Les couples, les coups de cœur, les baisers frénétiques, les enfants, la maladie et la mort, tout ça virevolte dans les chemins croisés des destins. Existe-t-il un espace différent des calculs aléatoires, des trajectoires divinatoires ou simplement un seul destin déjà payé d’avance? Existe-t-il un monde où j’ose lui dire que je l’aime?