Le temps est 3
Le temps est un réveil qui me tend l’oreille.
Le temps est une proie à pétrir, un bon pain en devenir.
Le temps est une matière qui s’anime dans l’inconnu.
Le temps est un souffle au cœur.
Le temps est une création collective.
Le temps est un état à fréquenter.
Le temps est le dessin d’un symbole.
Le temps est un soir qui n’appelle qu’au matin.
Le temps est une mauvaise habitude.
Le temps est un semeur de rêves.
Le temps est une fresque donnant le vertige.
Le temps est une maman qui ne ferme pas les yeux.
Le temps est une pirouette qui rebondit.
Le temps est une main tachée d’encre.
Le temps est une naissance ailleurs.
Le temps est un moteur de langage avec une tournure technique.
Le temps est une lune qui ricane.
Le temps est un relief à plusieurs pics.
Le temps n’est pas un naïf refrain.
Le temps n’est pas le dos lisse d’un canard.
Le temps n’est pas une revue chargée de scandales.
Le temps n’est pas dégoulinant.
Le temps n’est pas la morsure d’un enfant sur le bras de l’adulte.
Le temps n’est pas la vie qui s’échappe.
Le temps n’est pas un train, ni en marche, ni à l’arrêt.
Le temps n’est pas un cadeau.
Le temps n’est pas un puits.
Le temps n’est pas (jamais) en retard.
Si j’étais le temps, je serais un tissu très doux.
Si j’étais le temps, je serais une eau salée tiède.
Si j’étais le temps, je serais toujours gourmand(e).
Si j’étais le temps, je serais un livre non ouvert.
Si j’étais le temps, je serais l’aube baignée d’espoir.
Si j’étais le temps, je serais un géant silencieux.
Si j’étais le temps, je serais nomade.
Le temps est 2
Le temps est un fil infini sur lequel il est trop bon de se laisser bercer.
… le nuage qui nous murmure des histoires souriantes, couché sur le dos.
… cette chaude chandelle qui bouge au rythme du pétillement d’un feu.
Le temps est cette journée pluvieuse, ou de maladie, qui nous fait apprécier l’ennui.
Il est ce voilier qui nous fait voyager.
Il est ce breakdance improvisé sans détour, avec un enfant, une soirée de party.
Il est l’étoile qui scintille la réalisation d’une corvée collective.
Le temps est un espace dans lequel il est si bon d’entrer.
Le temps est un vertige qui nous donne envie d’exister.
Le temps n’est pas un biscuit sec sans goût.
Il n’est pas un feu d’artifice qui tombe dans l’oubli.
Il n’est pas un baiser anodin.
Ou une télésérie crève cerveau un soir de semaine.
Il n’est pas non plus la grandeur du veston que je porte.
Ou la vapeur qui fait pression sur mon mur d’actualité.
Il n’est pas une grève en trop.
Ou le minerai inerte pour lequel on doit arrêter de se préoccuper.
Le temps est l’une des choses les plus précieuses avec laquelle l’on doit toutes et tous dialoguer.
Le temps sous contrainte capitaliste est une horloge, tic tac, qui nous observe.
Ce type de temps est une plaie douloureuse causée par l’effet de gravité d’une chaise de bureau.
Il est un ver de terre mal en point qu’on continue de sectionner à l’infini.
Il est cette douce brise qui s’écroule sous la lumière cathodique de mon ordinateur.
Il est ce gros caillou qui fait obstacle au temps lui-même.
Le temps sous contrainte capitaliste est un sentiment d’étouffement imposé par la matraque.
Il est une dette que l’on contracte à la naissance.
Une fleur qu’on oublie.
Il est la chose qui me fait marchandise.
Sans nuance, il est la chose qui m’est tout simplement… volée.
Le temps est 1
Le temps est un turboforage qui mange les villes par la racine.
Le temps est une éructation qui diminue la culture impopulaire.
Le temps est un graffiti qui affûte ses croutes lacrymales.
Le temps est un martyr qui amoncelle son coton sous les glaces polaires.
Le temps est un feu d’artifice qui corrompt les primevères de l’hiver.
Le temps est une situation qui doute du polygone non euclidien.
Le temps est un viaduc qui balaie les explosions de l’intestin.
Le temps est une faillite indigente qui triangule le cabinet ministériel.
Le temps est climatologue libéral qui prêche le déviationnisme siffleur.
Le temps est un macrodactyle qui subjugue les corneilles oblongues.
Le temps sous contrainte capitaliste est une concrétion qui inhume les fractures du larynx.
Le temps sous contrainte capitaliste est un volcan asynchrone avec une capacité de 60 à 600 œufs.
Le temps sous contrainte capitaliste est un faisceau cathodique qui atteste de la mauvaise foi.
Le temps sous contrainte capitaliste est un démagogue qui frissonne d’antidépressifs.
Le temps sous contrainte capitaliste est un patriarche qui fléchit le genou sans objection.
Le temps sous contrainte capitaliste est un incapable qui penche vers le tragique.
Le temps sous contrainte capitaliste est un postiche qui démasque l’arrosoir.
Le temps sous contrainte capitaliste est un esthète sans pesanteur qui hydrate son culte.
Le temps sous contrainte capitaliste est une harde souffreteuse qui saute à cloche-pied.
Le temps sous contrainte capitaliste est une opinion thermorégulée qui s’acharne à avoir de l’allure.
Le temps anesthésie le chocolat sur la ligne fortifiée.
Le temps répand une odeur capiteuse pour un oui, pour un non.
Le temps se rend maître de l’indécence du médiocre souverain.
Le temps marchande son embarras parmi les mauvaises herbes.
Le temps avale la pilule du candide gobe-mouches.
Le temps trompète les glouglous de la brosse à peau.
Le temps flétrit les apatrides sous Alpha de la Croix du Sud.
Le temps abrutit les phénomènes anecdotiques sans accoutumance.
Le temps s’embrase sans mesure l’ordinaire.
Le temps est une poussée de fièvre sans conscience.
Le temps est une amulette qui intercepte la lumière.
Le temps est un panier percé au-dessus des larmes.
Le temps s’égare dans le bouillon des orphelines.
Le temps sacré sacrifie son temps à la sagesse des drames.
Le temps trace des lettres vagabondes sans effleurer la fortune.
Le temps monte des mailles au vent des villes éternelles.
Le temps épluche les raisins des vieillards pendus aux candélabres.
Le temps jaune de chrome jonche les tourbières immorales.
Le temps se conforme à la rigidité des ondes modulées.
Le temps ankylosé romance les décolletés de cocottes en papier.
Словесность / Hommage à Godin
Словесность1 / Hommage à Godin
« par les clair-de-nœuds
par ceux qui ont des meubles en cadeaux
par les baveux du million mal acquis
[j’ai mal à mon pays] »
– GODIN 1970
Monsieur le premier ministre,
Savez-vous combien de temps il faudra au salarié minimum pour gagner 1 million de dollars? Toute sa vie. Si j’enlève les dépenses, les taxes et les impôts pour payer votre salaire, il n’y arrivera jamais…
Quand j’entends votre ministre pleuré son million perdu et vous de le défendre, j’ai mal à mon pays.
Quand j’entends les libéraux de Trudeau se porter à la défense de votre ministre, j’ai mal à mon pays.
Ce parti des conditions gagnantes, du déficit absurde zéro jamais atteint en 25 ans et des tunnels à 9 10 milliards, j’ai mal à mon pays.
S’ajoute l’insulte des négociations avec notre personnel de la santé, débordé, écœuré et votre présidente du Conseil du trésor et son cœur de pierre, j’ai mal â mon pays.
Dehors, les gestionnaires de succursale provinciale et les petits comptables, qui déplacent des colonnes de chiffre sans aucune poésie, sans aucune envergure.
Les patriotes sont-ils morts pour ça?
J’ai mal à mon pays
Délire…
Citoyen Harfang
Cannibale économique
Cœur d’enfant
Déficit qui pique
Idée licorne
Achat sur marge
Chanson à la lune
Musique qui ne rapporte pas
Opposition Pouvoir
Bankster artiste
Impression monétaire
Aveugle audité
Juge sourd
Et cela pour?
Destruction opération militaire
Frappe chirurgicale
J’ai mal à mon pays
DEHORS LEGAULT !!!
- Selon Stépan Chévyriov (1806-1864), si le mot actuel Literatura (« Литература ») désigne la « littérature », il s’agit d’un emprunt du xviiie. Slovesnost (« Словесность ») était l’ancien mot, qui signifie « art du mot ». ↩︎
Attroupement confiné
Résidence de création en campagne annulée (COVID 19).
Se réunir pour garder l’art vivant !

20 mars 2020
Recueil circulaire
Prototype pour micro-édition d’un recueil de poésie circulaire sur la thématique du Temps libre.



13 mars 2020
Rêve général
Confection d’accessoires à partir des slogans de la Troupe du temps libre pour performances à venir en contexte de mobilisation sociale.



17 février 2020